Rue de l'église
4 ème épisode, Rue de l'église

Elle commence, elle aussi, au croisement du virage central, et se termine à l'intersection avec la rue des Menuisiers.
Cette dénomination était tellement évidente qu'elle a été retenue immédiatement, d'autant plus que beaucoup de riverains l'utilisaient déjà implicitement.

L'église, reconstruite au XVIIe siècle, est dédiée à Notre-Dame-de-l'Assomption.

Je ne reviendrais pas sur son histoire, qui est très bien décrite par nos historiens régionaux : M. Michel COFFIN dans le 2ème tome des 6 volumes de sa " promenade géographique, historique, touristique en Pays de Bray " ; et surtout Louis LEROUX, dans sa remarquable " monographie générale du Canton d'Argueil ", et dont un exemplaire de la réédition de 2001 est en bonne place dans les rayons de notre bibliothèque municipale et que je vous encourage vivement à aller emprunter.
Il est néanmoins curieux de noter que Louis LEROUX, page 235, pense que M. COCHET, historien de la Seine-Inférieure, aurait confondu l'église primitive de 1261 avec celle de La Haye, mais les membres de la commission Départementale des Antiquités ont confirmé, dans leurs travaux de 1976, que sa construction a bien été attestée en 1261 ; n'ayant aucune prétention d'arbitrer ce point, je laisse à qui le veut bien le soin de nous renseigner.

Nous nous intéresserons au passé plus récent, riche de souvenirs pour nos anciens mais certainement ignoré de beaucoup d'habitants.
De ces dernières décennies, l'événement le plus marquant pour l'église aura été l'effondrement, suite à la tempête du 28 décembre 1979, d'un grand pan du mur de façade. Il a fallu remonter plus de vingt tonnes de pierres et de silex pour reconstituer patiemment l'édifice. On ne peut que rendre hommage à l'artisan, Serge HURAY, pour l'excellent travail réalisé car cette réparation est quasiment invisible, seule subsiste une légère différence de teinte que gommera la patine du temps. Notons que la restauration est faite sans ciment, avec un mortier de chaux grasse issu des techniques des compagnons de jadis et dont la composition fut indiquée par Monsieur Maurice PREVERT.

Comme hélas beaucoup d'autres, notre église a subi également plusieurs vols dont le plus préjudiciable eut lieu dans la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 août 1980 : outre les nombreux et précieux objets dérobés, les voleurs ont, pour pénétrer dans les lieux, détruit un vitrail très ancien de grande valeur architecturale.

Si l'aspect extérieur de l'église mérite incontestablement qu'on s'y attarde, les éléments intérieurs n'en sont pas moins dignes d'intérêt. Citons quelques unes des nombreuses beautés qu'elle recèle : la toile peinte de la fin du XVIIIème siècle " La Pentecôte " ; les deux tabernacles avec les statues de Saint Pierre et Saint Paul en bois peint et doré, du XVIIème sicle ; les deux fragments de litre seigneuriale avec deux blasons, en pierre peinte, du XVIIIème siècle ; l'Estensoir en haut relief, en bois polychrome, du XVIIIème siècle ; et deux lustres en cristal de Venise de couleur, du XIXème siècle ; qui sont inscrites sur l'inventaire des objets classés monuments historiques, par arrêté préfectoral du 17 décembre 1984.
Sont également en cours d'étude : depuis quelques années le retable majeur, et dernièrement l'orgue, qui est un modèle unique, très rare de par son originalité : l'ensemble de la tuyauterie est en bois !
Et il y a également les lambris, les stalles, la chaire à prêcher, … mais bien mieux qu'une longue énumération fastidieuse, si l'on veut apprécier pleinement toutes ces curiosités, rien ne remplace une visite ; à ce sujet je vous informe que les samedi 17 et dimanche 18 août, l'après-midi, elle sera ouverte au public, dans le cadre de l'opération " les églises de nos villages vous accueillent ", sous la conduite de Madame Denise BLOT, que je tiens à remercier ici pour la dévouement dont elle fait preuve, aidée de Madame Christiane LESEIGNEUR, pour l'entretien de notre église.

Une autre particularité de notre église est d'avoir conservé en activité le cimetière attenant, car cela est de moins en moins courant. Cette situation durera encore longtemps car, pour palier au manque de places disponibles auquel nous allions être confronté dans les prochaines décennies, le Conseil municipal a décidé le 7 novembre 1998 d'acquérir un terrain adjacent de 2300 m².
Le cimetière aussi eut à subir les dommages du temps. Dans les années 70, ce sont quarante mètres du mur de clôture, coté Est, qui s'effondrèret, et que, là aussi, nous avons reconstruit dans son style d'origine. Sa construction datait de 1878, après un premier agrandissement du cimetière en 1868.

J'ai eu la chance ?, ou le triste privilège ? d'être le dernier " remonteur d'horloge ", du 1er avril 1979 à l'été 1989 lorsque celle-ci fut électrifiée. je succédais là à Henri DEVIN, qu'une fin tragique enleva à cette fonction qu'il assumait depuis avril 1968; il avait lui-même remplacé Marcel PICARD, qui avait été précédé de Aimé AUMONT, qui avait rempli cette charge pendant 22 ans, après avoir pris la suite d'Emile FOSSE.

Cette " modernisation " a éteint la voix cristalline des tinterelles qui sonnaient les divisions d'heures ( ¼ d'heure - ½ heure - ¾ d'heure ). Nous y avons gagné l'angélus de 7 heures, midi et 19 heures, que nous dispense généreusement( sauf le dimanche matin ) la cloche de 1844, nommée Marie Désirée Georgette par Georges Bertin BREMONTIER des HAUTS-CHAMPS et Marie Delphine DUPUTEL, épouse HELLOT, et qui fut fondue par CAPLAIN de Rouen.

Notre sonneur, Jacques BELIERE, a vu lui aussi sa tâche, qu'il assure depuis 44 ans bien qu'il n'ait été officiellement nommé par arrêté du Maire que le 6 décembre 1982, bouleversée par cette électrification. Plus de grosse corde a tirer pour lancer les mises en volée et autre carillonnements, mais des commutateurs à pousser.

Signe d'évolution des temps ou mutation de la société ? notre église est, comme beaucoup d'autres, surtout fréquentée par les pigeons, mais il est agréable de pouvoir encore bénéficier de son acoustique de qualité mise en valeur par les chorales qui s'y produisent de temps en temps.

Lieu de culte, de recueillement et de prière pour certains ; lieu chargé d'histoire, amour des vieilles pierres pour d'autres ; mémoire du travail de nos ancêtres ; ou encore indifférence à force de la voir dans le paysage ; l'important est que chacun y trouve ce qu'il vient y chercher.

DB

Croisy rue de l'église